26 Aoû

Jalouse de sa belle-fille : Elle poignarde son petit-fils de treize ans

Parce qu’elle se sentait rejetée par son fils et sa belle-fille, une grand-mère de 65 ans a nourri une terrible vengeance contre son petit-fils.

Madeleine et Georges Kaboré, parents de Florent, un garçonnet d’un an, décident en 2001 de quitter leur Burkina Faso natal pour s’installer en Côte d’Ivoire (Abidjan). Kambiré Marie, la mère de Georges, une commerçante de pagnes, ne voit pas ce départ d’un très bon oeil. Le couple n’a-t-il pas tout ce qu’il désire au pays des hommes intègres ? Pourquoi diable aller chercher le bonheur aussi loin ? Georges persuade sa mère, alors âgée de 56 ans, que ce départ est la chance de leur vie.

Pour la tranquilliser, il lui fait la promesse que dès qu’ils auront une situation stable à Abidjan, elle viendra les y rejoindre. Les premières semaines au bord de la lagune Ebrié ne sont pas de tout repos : coutumes, habitudes, la frénésie des grandes villes, tout est si différent de ce qu’ils ont connu à Ouhigouya, leur ville natale. Mais à force de travail et d’obstination, le couple et leur fils d’un an finissent par se faire leur nid à Anoumanbo, un quartier de la commune de Marcory, où ils trouvent une baraque de deux pièces à louer à 10 mille Fcfa.

Georges trouve un emploi de vigile dans une société de téléphonie cellulaire. Son épouse est employée comme nounou par un couple libanais au quartier Résidentiel (Marcory). Ils ramènent un double salaire qui leur permet d’envisager une nouvelle vie. En 2009, le couple et leur fils qui a maintenant neuf ans quittent leur baraque pour emménager dans une maison en dure qu’ils achètent avec leur épargne.

Marie, la mamie restée au pays, insiste pour aider le couple à payer ses traites. Elle s’ennuie de son fils et de son petit-fils et exprime sa joie quand Georges lui propose, en mai 2010, de venir vivre avec eux à Abidjan. Elle vend son magasin de chaussures à Ouhigouya et, munie de quelques valises refermant ses souvenirs, débarque un beau matin à Abidjan.

Au début, la cohabitation avec sa belle-fille se passe plutôt bien. Pendant que Madeleine et Georges partent travailler, Marie s’occupe de tenir la maison, va chercher son petit-fils dans une école privée de la place. Mais, au fil des mois, la situation se détériore. Et pour cause, Madeleine et son mari, s’ils vivent plutôt repliés sur eux-mêmes, ont appris les moeurs de leur nouvel environnement et font des efforts pour s’adapter mais pas Marie. Celleci refuse de parler une autre langue que la tienne et préfère converser en lobi avec son fils et sa belle-fille. Dans ces conditions, rien d’étonnant si les voisins la jugent « plutôt renfermée ».

ELLE M’A VOLÉ MON FILS

Marie en veut tout simplement à Madeleine de vouloir s’accaparer, dit-elle, Georges, ce fils qu’elle chérit plus que tout. « Tu m’as pris mon fils ! », vocifère-t-elle. En juin 2010, la tension monte encore d’un cran entre la mère et la belle-fille. Le chef de famille se retrouve dans une situation délicate. Désavouer sa femme pour donner raison à sa mère, c’est prendre le risque de faire exploser son mariage en plein vol. Ne pas prendre le parti de sa mère est tout aussi risqué car il tient à celle qui lui a donné la vie. Après réflexion, Georges décide de privilégier son avenir conjugal et celui de son fils.

Les mois passent et l’atmosphère dans la maisonnée devient infernale. Le 20 août 2013, alors que la famille est réunie autour d’un repas, Marie déclare à son fils qu’elle doit rentrer au Burkina Faso. « C’est ainsi et pas autrement ! », affirme-t-elle. Georges se lève et lui tend une enveloppe contenant la somme de 200.000Fcfa. « C’est pour toi. C’est ton transport », dit-il avant de sortir faire un tour dans un cabaret pour prendre des gorgées de « tchiapalo », une boisson alcoolisée faite à partir de maïs fermenté.

RETOUR AU PAYS

Le 21 août, Marie s’est levée tôt, comme à l’accoutumée, pour préparer le petit-déjeuner. Elle dit au revoir à son fils et à sa belle- fille qui partent travailler. Puis elle va faire sa toilette. Elle enfile un boubou bleu et une écharpe marron avant de saisir un petit sac. Elle trouve Florent, son petit-fils de treize ans, jouant au salon avec son jeu vidéo. « Je dois préparer ma valise. Voudrais-tu m’aider ?», demande la mamie à son petit-fils en souriant.

Serviable, Florent acquiesce et précède sa grand-mère. Alors qu’il se penche pour prendre la valise, il sent une vive douleur lui transpercer le dos. L’enfant se retourne, surpris. Sa grand-mère, les yeux pleins de rage, brandit un long couteau dont la lame ruisselle de sang. Elle veut lui asséner un nouveau coup mais Florent met ses bras en opposition pour se protéger et parvient, au prix de plusieurs blessures légères, à faire dévier la lame. Il frappe sa grand-mère au visage, la jette au sol, se rue vers la porte du salon et crie au secours en se tordant de douleur, car le coup de couteau de sa mamie lui a déchiré la main droite.

Entre-temps, Marie s’est relevée et a ramassé le couteau ensanglanté qu’elle glisse dans son sac qui en contient un autre. Elle sort de la maison à son tour et erre sur la route, les bras croisés. Après avoir tenté de se faire cogner par un taxi en se couchant sur l’asphalte, elle se relève et lance des imprécations en lobi. Les secours prennent Florent en charge et le transportent dans une clinique de la place où il reçoit les premiers soins. Des éléments de la police du 9ème arrondissement ratissent les environs du quartier Anoumanbo et ne tardent pas à mettre la main sur Marie qui, recouverte de tache de sang, se trouve sur une ruelle avec son sac contenant les deux couteaux dont celui qui a servi à frapper Florent, son petit-fils.

Emmenée au commissariat, elle marmonne des phrases. Elle reconnaît les faits et avoue avoir souffert de jalousie en voyant Célestin si heureux avec sa belle-fille qu’elle accusera plusieurs fois de lui avoir « pris son fils ». Pour se venger, Marie aurait eu alors l’idée de tuer le fils de Georges et de Madeleine, une façon de prendre elle aussi un fils à «sa rivale ». Après avoir poignardé Florent, la mamie avait prévu de cacher le couteau en lieu sûr. Elle aurait ainsi, dira-t-elle, emporté dans le car qui devait la ramener au Burkina Faso l’image de Madeleine folle d’inquiétude, et celle d’un Georges aux abois. Inculpée pour coups et blessures volontaires, cette paisible mamie de 65 ans risque une lourde peine d’emprisonnement. Avant sa comparution devant le tribunal, elle a été mise sous mandat de dépôt au pénitencier de Yopougon.

Bahi K
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