02 Mar

Déguerpissement à Akouédo: La population sur le pied de guerre

Depuis le jeudi 27 février 2020, la population d’Akouédo, village situé dans la commune de Cocody, est sur le pied de guerre. Cet état de colère est relatif à la démolition d’églises, de marchés, de villas, de maquis, d’habitations, de restaurants… implantés sur le site de Rascom, d’une superficie de dix (10) hectares. Le vendredi 28 février, des bulldozers étaient encore à l’œuvre, lorsque nous nous sommes rendus sur ledit site. La désolation et l’amertume se lisaient sur le visage des villageois mais aussi sur celui des acquéreurs qui ont acquis des terrains sur l’espace.

Le propriétaire d’un grand maquis est même tombé dans les pommes quand la fourchette de l’engin a commencé à dévorer son commerce. Il a fallu la promptitude de ses camarades pour l’éviter de passer de vie à trépas. C’est donc tout rouge de colère que le chef du village d’Akouédo, Dr Germain Agbodan, s’est demandé à quoi rime toute cette action qui viole une fois encore le protocole d’accord signé en 2007 entre le gouvernement ivoirien et le village d’Akouédo et réactivé en janvier 2013. «En application du décret N° 2007- 599 du 31 octobre 2007 portant fermeture de la décharge et du décret 2007- 600 du 05 novembre 2007 portant réouverture de la décharge d’Akouédo, un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement de Cote d’Ivoire représenté par le ministère de la Ville et de la Salubrité urbaine et la Communauté villageoise d’Akouédo.Dans l’article 6 de ce protocole qui concerne les questions foncières, il est prévu le dédommagement des 10 hectares occupés par Rascom.

Le 15 Juillet 2010, au terme de ce premier protocole, un deuxième protocole d’accord liait les deux parties et réaffirmait la question du dédommagement de la parcelle de 10 hectares destiné au projet Rascom par l’Etat.En Janvier 2013, au terme du délai supplémentaire accordé à l’Etat pour l’exploitation de la décharge d’Akouédo, l’Avenant N1 au protocole d’accord du 15 Juillet 2010 a été signé entre les deux parties. Au titre des mesures d’accompagnement liées aux besoins de la communauté villageoise d’Akouédo, figure toujours la question du dédommagement de la parcelle de 10 hectares destinée au projet Rascom », a indiqué irrité le chef du village. Pour éviter de se faire avoir, compte tenu des nombreux engagements non tenus par le gouvernement, a indiqué le chef du village, des balises ont été mises en place concernant le projet Rasom.

«Concernant les 10 hectares destinés au projet Rascom, une commission spéciale dirigée conjointement par le ministère de la Construction, du logement et de l’urbanisme a traité largement la question du dédommagement. Les dernières recommandations de cette commission à la communauté villageoise d’Akouédo au cours des réunions de septembre-octobre-novembre 2019, concernaient l’adresse d’un courrier officiel à la commission nationale de dédommagement pour une analyse sérieuse de la nature du dédommagement prévu par l’Etat », a notifié Dr Germain Agbodan.

Mais contre toute attente, a expliqué Blaise Aguedé, porte-parole de la chefferie, le jeudi 20 février 2020, un communiqué du ministère de la construction paru dans le journal gouvernemental menace de déguerpissement tous les occupants du site de 10 hectares installés par la chefferie d’Akouédo. Pour joindre l’acte à la parole, le mardi 25 février, a-t-il poursuivi, des mises en demeure de démolition ont été notifiées à tous les occupants de cette parcelle. Et ce, sans aucune notification à la chefferie d’Akouédo. Pis, depuis le jeudi 27 février le site fait l’objet de démolition par des bulldozers déployés sur le terrain.

Pour le doyen et chef de terre d’Akouédo, nanan Aliman Akré, cette manière unilatérale de faire met en cause le dossier de réhabilitation de la décharge d’Akouédo et rompt brusquement le dialogue établi depuis plusieurs mois avec l’Etat de Côte d’Ivoire. «Nous ne pouvons plus accepter l’ingratitude de l’Etat de Côte d’Ivoire après 54 ans de sacrifices consentis relativement à la décharge.Les conséquences néfastes de ce gros dépotoir à ciel ouvert se font toujours ressentir sur la population.Vu la gravité des faits, Akouédo ne veut plus de la réhabilitation. Car cette façon de faire met à mal la collaboration établie entre les deux parties dans le cadre de la réhabilitation de la décharge d’Akouédo », a assené le doyen et chef de terre.  

Elysée YAO

Source: linfodrome

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