Obou Gérémi a perdu l’usage de son avant bras, au cours d’un accident de la circulation. Le lieutenant de police occupait le siège numéro 24 à bord d’un auto car de transport en commun se rendant à Abidjan, en provenance du village Logouata, lors de la survenue du dit accident. A quelques kilomètres de la capitale économique, un camion percute violemment le car. Les passagers s’affolent en criant à l’aide; mais le chauffeur garde son sang-froid et réussit à maîtriser l’engin, à la grande satisfaction des occupants. Curieusement, c’est le policier qui est la seule victime dans ce car, bien que de sa position médiane, il se croyait à l’abri de tout danger. « Mes yeux se sont subitement fermés. J’ai senti avec force un coup porté au niveau de mon coude. Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu mon avant-bras sous le siège de mon voisin.

Pratiques nocturnes

Le sang a «éclaboussé tous ceux qui étaient autour de moi », a raconté le policier. « J’ai ramassé le bras et je suis sorti du car, en priant mon Dieu de ne pas m’abandonner », a-t-il ajouté à son émouvant récit. L’accidenté s’est retrouvé par la suite dans une clinique de la place. Plusieurs mois après sa guérison,il se rend dans son village natal. Dès que son cousin Vamy Ziké Raoul l’aperçoit, il prend la poudre d’escampette. Le policier amputé se souvient qu’à la veille de son voyage à Abidjan, il a fait un rêve étrange au sujet de ce cousin. «Je l’ai vu en songe. Il est venu chez moi en compagnie d’un garçonnet. J’ai aussi remarqué qu’il m’a menacé dans le rêve. Au petit matin, le rêve s’est réalisé. Il s’est rendu physiquement chez moi. Tenant entre ses mains l’enfant avec lequel je l’ai vu en rêve», a narré la victime à la barre du tribunal, qui n’a pas manqué d’accuser ce cousin d’être le responsable de cet accident étrange. 

Le prévenu a affirmé à son tour qu’il est le chef de la grande famille. A ce titre, le policier lui aurait demandé de faire une libation, dans le cadre de la construction d’une maison au village. « Une nuit, je me suis retrouvé sur le chantier. En compagnie de trois hommes dont mon cousin Gérémi. Nous disposions d’un bouc et d’un poulet dont la particularité était qu’ils avaient le cou dénudé. Après ma libation, les deux autres hommes ont égorgé les animaux,recueilli le sang, avant d’enterrer les bêtes dans un trou qui avait été creusé pour la circonstance», a expliqué Vamy. Ce, tout en refusant de dire à quoi le sang recueilli devrait servir. Mais Gérémi affirme la main sur le cœur qu’il n’a jamais participé à pareille cérémonie, qui de surcroît semble avoir un caractère diabolique. 

Pourl’avocat du plaignant, son client est victime d’une pratique de sorcellerie. «Aujourd’hui,mon client est diminué physiquement. Il inspire même la pitié ; je demande que la loi pénale soit appliquée à l’encontre du prévenu»,a souhaité l’avocat. Ce discours n’est pas différent de celui du parquet. Le procureur a estimé que cette pratique a porté atteinte à l’intégrité physique de l’agent de police et que l’ordre public a été également perturbé. En conséquence, le ministère public a requis une peine de 5 ans de prison. Requête à laquelle a accédé le tribunal avec une amende de 500.000 Fcfa. Sans oublier que le sorcier devra dédommager sa victime à hauteurde 50 millions Fcfa.

Alain Kpapo à Gagnoa

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