19 Aoû

Mon fils s'est suicidé à cause d'un traitement contre la chute des cheveux

Après six ans de souffrance, Romain a mis fin à ses jours, à 25 ans. Il ne supportait plus les douleurs et les symptômes provoqués par la prise du Propecia, un traitement contre l'alopécie. Sa mère se bat pour informer les jeunes générations sur les dangers de ce produit.

A 19 ans, comme bon nombre de ses amis, Romain rencontre des problèmes d'acné. Il consulte alors une dermatologue à qui il confie aussi perdre un peu ses cheveux. La praticienne lui prescrit alors "un traitement révolutionnaire", se rappelle Sylviane, la mère de Romain. Le Propecia (ou finastéride), un cachet orange d'un milligramme par jour, censé apaiser les craintes esthétiques de son fils. Mais, quelques mois plus tard, le jeune homme ressent une profonde fatigue, des douleurs dans tout le corps, des migraines avec perte de mémoire et une baisse de libido.

"Sur la notice du médicament, il était indiqué la possible apparition d'effets transitoires. Mais comme ça ne passait pas, on a consulté des médecins. Tous ont mis ces symptômes sur le compte du rythme difficile des études que mon fils suivait en prépa." En réalité, avant 2012, les effets indésirables de la molécule sont peu connus, y compris du corps médical. "Romain a pris ce traitement pendant deux ans et quatre mois, puis on a commencé à entendre parler d'autres cas de personnes rencontrant les mêmes difficultés. Une pharmacienne nous a dit que c'était très dangereux." Début 2013, le jeune homme cesse la prise du Propecia et ressent très rapidement une amélioration de son état de santé.

Romain est devenu "allergique à tout"

"On était rassuré, il allait beaucoup mieux." Mais, au bout de trois semaines, c'est l'hécatombe. "Il est devenu allergique à tout, il a développé de l'asthme, des varices aux testicules et une gynécomastie (développement excessif des glandes mammaires chez l'homme, NDLR). Les douleurs étaient insoutenables." Romain n'est plus que l'ombre de lui-même. "Il était devenu l'inverse de son tempérament d'origine : un jeune homme bien dans sa peau, heureux en couple, très sportif, ambitieux, aimant faire la fête avec ses amis. Là, il lui fallait deux semaines pour préparer un simple rendez-vous avec un copain..."

Sylviane emmène son fils chez tous les spécialistes possibles à la recherche d'une solution pour sortir son fils de cette spirale infernale. "Lors d'un examen, on a découvert que mon fils de 22 ans avait un niveau de testostérone d'un monsieur de 80 ans... On a essayé plusieurs traitements sans succès. Romain était épuisé, il ne dormait presque pas, il vomissait dix fois par jour et ne retenait rien." Pourtant, Le jeune homme s'accroche et parvient à terminer son école de commerce. Il décroche même un emploi d'analyste financier à Londres. Il arrête aussi de fumer, se nourrit sainement, persuadé qu'en mettant toutes les chances de son côté, il s'en sortirait.

Sylviane veut informer aux mieux les jeunes générations

"Mais j'ai vu mon fils s'enfoncer chaque jour un peu plus. C'était horrible...", regrette Sylviane. Devant l'échec des traitements, Romain sombre dans une profonde dépression. Le 7 juin 2016, il met fin à ses jours, à l'âge de 25 ans... Dans sa lettre d'adieu, il écrit : "Je m'efforcerai de mourir avec le sourire, tel un ultime pied de nez à cette maladie à laquelle j'échapperai." En hommage à son enfant, Sylviane s'efforce d'informer au mieux les jeunes générations et leurs parents pour éviter de tels drames, avec l'association AVFIN (Aide aux victimes du finastéride, avfin.org).

"J'ai appris bien trop tard que les effets de cette molécule peuvent perdurer plus de treize ans après l'arrêt du traitement. On ne peut laisser les gens dans l'ignorance. Il faut savoir que ce traitement fonctionne seulement dans 33% des cas", explique Sylviane. Elle s'est engagée dans un combat judiciaire pour faire reconnaître le "lien de causalité" entre les symptômes endurés par Romain et la prise du Propecia. "Comme tout perturbateur endocrinien, il dérègle les hormones, et les hormones, c'est la vie..."

Source: Closermag

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