La fête des ignames de l’année 2016 qui s’est tenue le week-end dernier à Abengourou a été marquée par un fait inhabituel qui restera à jamais gravé dans la mémoire de tous les invités ainsi que des filles et fils de l’Indénié.

L’un des moutons qui devraient être sacrifiés aux mânes a été « kidnappé » par l’un des invités, et ce, en dépit de la présence de sa Majesté Nanan Boa Kouassi III et de sa notabilité. Une première dans l’histoire du royaume Indénian depuis qu’il organise un tel évènement.

A l’origine de cet affront, l’alliance inter-ethnique existant entre Agni et Abron. «Entre Abron et Agni, il y a eu un fort lien dans l’histoire. Car un être humain a été fendu entre les deux peuples et chacun a pris une partie.

Tout cela pour indiquer que désormais le sang ne doit plus couler entre eux. Il existe plusieurs types d’alliances entre les peuples de la Côte d’Ivoire, mais entre un Abron et un Agni, c’est une alliance de sang. C’est pourquoi nous n’avons pas le droit de brutaliser un Abron.

L’Abron chez un Agni est le patron, il est chef, il peut tout faire. Vous voyez que même devant le roi, il a pris le mouton et nous étions donc obligés de lui demander pardon. Un Abron peut même refuser que nous enterrions notre mort. C’est la raison pour laquelle, en tant qu’allié proche et important, il a pris le mouton pourqu’on lui demande pardon.

Moi également, à une cérémonie des Abron, je peux faire la même chose, et vice versa. C’est tout de même convivial»,a confié un proche de la royauté. C’est donc après plusieurs négociations assorties d’une amende de 15 000 F et d’une bouteille de gin que le mouton a été relâché par « l’allié » afin de permettre à la cérémonie de suivre son cours normal ; laquelle sera ponctuée de prestations de danses traditionnelles suivies d’offrandes et de sacrifices aux ancêtres.

Ce fait inhabituel engendré par l’alliance entre les deux peuples et qui marquera de façon indélébile cette énième fête des ignames du royaume Indénian est une invite à l’harmonie et à la cohésion sociale de tous les fils et filles de notre pays ; car avec les alliances inter-ethniques, on ne verra plus l’autre comme un ennemi, mais plutôt comme un allié, un frère. L’alliance inter-ethnique pose ainsi, les jalons de la paix et de la réconciliation. Elle signe également, le retour de la convivialité entre certains peuples de Côte d’Ivoire.

Dorgeles NIAMEY,
Correspondant régional
Le Sursaut