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27 Nov

Il pleure sur son mariage

 

Un couple de trentenaires défraye la chronique par une demande en divorce. Alors que le président du collège de juges et assesseurs tentaient d’entendre davantage ce couple élégant et assorti, M.M. et son épouse A.M. se sont séparés ce 1er octobre 2015 dans un chahut géant contre lequel la cour n’a rien pu faire. M.M. s’est, en effet, effondré sur le sol de la salle d’une audience en matière de droit local du Tpi de Douala-Bonanjo, les yeux en larmes et le corps parcouru de spasmes.

 

La rumeur triste et sympathisante de l’assistance aidant, il a trouvé la force de quitter le prétoire, entraînant avec lui des âmes de bonne volonté qui l’ont consolé. Sa femme, elle, a disparu sans crier gare alors que l’homme était encore à expliquer son malheur d’être marié et la délivrance que devrait peut-être lui apporter le divorce demandé par celle qu’il a « tant aimée ».

 

Au contraire, expliquera d’abord la demanderesse qui a pris la parole en premier : « Il ne veut plus de moi ». Retours tardifs, tapage nocturne, accusations graves comme celle de vouloir empoisonner son partenaire, expulsion de la maison, les charges que l’épouse a portées contre l’homme en pleurs choquent : « Le médecin m’a dit de consommer de l’eau minérale dans la mesure du possible. Il a versé toute cette eau-là en prétendant que ce n’est pas possible de supporter ce rythme ». Jusqu’aux moqueries mesquines sur sa capacité à enfanter, elle estime avoir trop entendu et supporté d’un homme avec qui elle comptait vivre heureuse.

 

Le mari interpellé , à son tour, a littéralement explosé.

 

Brandissant un constat d’abandon de foyer, il raconte les efforts qu’il a fournis pour celle qui était « la plus belle ». Pour A.M., il a dépensé une fortune chez les médecins afin qu’elle procrée pourtant « c’est ailleurs qu’elle est allée faire son enfant ». Comment serait-il capable de refuser un repas de bananes malaxées aux arachides alors qu’il est un « fils de pauvre » qui a commencé au plus bas de l’échelle ? Chauffeur de taxi et soutien de famille, il a toujours voulu le meilleur pour les siens : « Même avant de la connaître, j’ai toujours eu un filtre à eau chez moi. Comment puis-je refuser l’eau minérale ? ».

Lui, mauvais mari ? C’est l’accusation la plus dégoûtante qu’il ait pu entendre. Tant de perfidie le glace et il explose : « J’ai peur des femmes M. le président. Aujourd’hui, il n’y a personne chez moi, même pas une copine… J’avais imposé à mon cadet dont je paye les études de me voir en dehors de la maison pour  éviter les querelles avec ma femme… ».

 

L’homme raconte les épisodes de sa mésaventure avec tant de tristesse que personne ne peut l’arrêter et l’audience en matière de droit local s’achève en queue de poisson pour ce qui concerne cette demande de divorce.

 

Jean Baptiste KETCHATENG
Source : Cameroon Tribune

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