27 Fév

Bôtchô et Bobaraba : La dérive des femmes

Les mamelons surdimensionnés, la protubérance fessière, la rondeur des femmes auraient la cote au sein de gent masculine. Du coup c’est la ruée des filles et femmes vers les crèmes magiques.

Tassaba, awoulaba, bobaraba, amoudjou… Autant d’expressions pour désigner les formes généreuses des femmes ivoiriennes, à la protubérance fessière. Ainsi à côté des produits décapant la peau, ou la chirurgie esthétique, il y a, depuis quelque temps, une nouvelle tendance : celle de se faire grossir les fesses et les seins. Sans avoir recours au bistouri. Il s’agit, grâce à l’application de produits, de donner des formes très généreuses à son corps. Avec, comme point culminant, les fesses.

Dans les rues d’Abidjan, on rencontre de plus en plus de jeunes femmes qui se font remarquer par la proéminence de leurs fesses. En pagne, en robe et surtout en pantalon. Ce qui fait des vagues à leur passage. «J’aimais les grosses fesses, mais je n’en possédais pas. J’ai entendu parler de ces produits, je les ai essayés et ça a marché. Aujourd’hui, lorsque je me promène, je sens les regards dans mon dos et cela me fait plaisir. Je sens que j’existe», nous confie Koroutoum Diakité avec fierté.

Elle a pu corriger son ‘’handicap’’ et désormais, peut marcher de longues distances dans la rue sans complexe aucun, sachant que les regards se posent sur son derrière. «Ma mère, venue du village pour passer des vacances chez moi à Abidjan, m’a demandé de me trouver une femme, une vraie. Elle trouve que ma femme trop chétive ne peut me satisfaire et me rendre heureux», explique pour sa part Olivier Atta, enseignant. «Je tiens à ma mère et je veux conserver ma copine. Alors, j’ai décidé de lui acheter de la vitamine et la pommade Bôtchô pour qu’elle l’applique», affirme le jeune homme. «Avant, je me sentais vraiment mal dans ma peau. Maintenant, je n’ai plus de gêne», confie Ange Flore, commerçante de produits cosmétiques aux Deux Plateaux, visiblement heureuse.

 

LES POTIONS MAGIQUES

A travers les dix communes d’Abidjan, des écriteaux ventent les mérites des ‘’grossisseurs’’ de fesses et de seins qui se font pompeusement appeler «Docteur». Au forum d’Adjamé, les visiteurs sont happés par ces vendeurs d’un autre temps. «C’est du bon. Cela ne ment pas. C’est fait à base de produits naturels donc pas de conséquences sur la santé. Il suffit de frotter les seins ou les fesses régulièrement avec ce produit et le résultat est là», répète Jonas, devant le forum d’Adjamé.

A l’en croire, il va chercher ses produits dans les environs de Jacqueville. Les tarifs varient entre 1.000 Fcfa et 3.O00 Fcfa. Et les clients en majorité des femmes ne se font pas prier. Le tradi-praticien Sounoukou Koné a inondé les rues et la presse de ses annonces. Avec des produits à base de plantes, précise-t-il : «J’utilise des médicaments africains que je mélange avec du beurre de karité. Quand une femme sort d’ici après les soins, vous n’allez pas la reconnaître !»

Certaines femmes préfèrent les produits pharmaceutiques vendus dans les «pharmacies par terre» au grand marché d’Abobo ou au niveau de l’ancien cinéma Roxy à Adjamé et dans les environs du commissariat du 3ème arrondissement. Sur les étals les vendeuses vendent des produits de toute sorte. A notre passage, l’une d’elles nous vente les vertus d’une petite bouteille dont l’étiquette annonce qu’elle contient de la vitamine B12.

Selon elle, il faut injecter ce produit dans une fesse une fois par jour. «Mais si vous n’aimez pas les piqûres, vous pouvez acheter une pommade, qui aura le même effet», affirme la commerçante. Les produits généralement utilisés pour développer les «atouts» féminins sont de plusieurs ordres et varient en fonction des bourses. L’on a généralement affaire à des produits dénommés Vital’s, Star-Vit, Estyplex 5. Vital’s est un suppositoire.

Les «commerçantes médecins » du marché conseillent généralement aux femmes deux injections par semaine sur une durée de deux mois. Selon les vendeuses, ces trois compositions ne sont pas utilisées simultanément pour le traitement qui dure 45 jours, voire deux mois, selon le potentiel fessier désiré. A côté de ce premier groupe de substances, se trouve un autre composé de produits de massage. Il s’agit notamment des produits provenant de la Chine, de l’Inde et du Brésil.

Le premier type comprend les produits «bôtchô» fabriqués à base d’huile de foie de morue, de miel et de plantes que l’on rencontre aujourd’hui à tous les carrefours. Le second type concerne les produits Sexoplus, très onéreux (20. 000 Fcfa le pot d’une dose, 40.000 Fcfa le pot de 2 doses et 60.000 Fcfa celui de 3 doses), qui sont fabriqués à partir de 10 plantes naturelles d’Indochine. Des magasins et non des moindres exploitent ce filon. A l’image des salons Miss Swan à travers la ville d’Abidjan. «Les salons «Miss Swan» existent depuis des années.

Notre objectif est d’aider à l’amélioration de l’aspect physique de nos clients. Nous nous occupons du corps en général, du teint, des cheveux, de la forme… Nous cherchons à embellir, à corriger toutes les imperfections que l’on peut avoir sur le corps.

 

DES PRODUITS DANGEREUX…

Les pommades qui font grossir exagérément le postérieur peuvent avoir un impact négatif sur la santé et peuvent provoquer au-delà de l’augmentation asymétrique des fesses, des cancers et des difficultés liées à l’accouchement. Pour Dr Soro à Yopougon Keneya, le drame de ces potions magiques c’est «qu’on ne sait pas avec quoi elles sont fabriquées. Il faut éviter de les utiliser, parce qu’il y a des produits ou des médicaments qui à première vue ne semblent pas dangereux pour la santé mais des années après, on apprend qu’ils ont des effets cancérigènes ou autre. Il vaut mieux consulter un médecin».

A en croire des spécialistes de la santé, l’ingurgitation de ces capsules prohibées (avec des formes hors norme) et autres potions magiques pourrait provoquer une insuffisance rénale, une perforation des intestins et des hépatites. « Prendre des médicaments ou des produits sans avis du médecin, sans ordonnance et sans connaître la composition du produit, c’est vraiment trop risqué. Même si ce bobaraba est tentant, il faut s’en méfier. C’est comme les crèmes éclaircissantes, beaucoup les utilisaient sans connaître les dangers et au final, ces crèmes contiennent des produits cancérigènes. Malgré ça, certaines continuent de les utiliser», prévient Dr Touré au Plateau Dokui.

Il explique que l’application des produits sur les fesses et les seins pour obtenir leur augmentation provoque une désorganisation des cellules adipeuses (graisseuse) qui conduit au cancer. Il a expliqué que, sur le plan anatomique, les fesses situées à la jonction du tronc en haut et des membres inférieurs en bas sont constituées de muscles qui jouent un rôle essentiel dans l’articulation de la hanche, et donc du bassin qui est très important pour l’équilibre, la stature de la femme. Une augmentation exagérée ou asymétrique des fesses peut déséquilibrer la stature de la femme et donc du bassin entrainant des difficultés lors de l’accouchement.

Abou Traoré

Le Sursaut

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